Qui de nos jours connait le nom d'Alice COCEA (1899-1970), peu de gens en vérité. Or, cette adorable actrice d'origine roumaine connut gloire et succès notamment dans la période de l'entre deux guerres. D'abord dans le cinéma muet ("LE DELAI"), mais c'est surtout l'opérette "PHI-PHI" (elle a le rôle d'ASPASIE) qui la fait connaitre. Elle chante merveilleusement bien et elle va jouer ensuite dans "DEDE" aux côtés de Maurice CHEVALIER. Suivra une troisième opérette : "EN CHEMYSE". Sa grande passion c'est le théatre. On la verra dans "POUCHE", "M. et Mme UNTEL", "JE T'ATTENDAIS", "LES AMANTS TERRIBLES", "LA PARISIENNE", "LES AMANTS NOVICES", "LES PARENTS TERRIBLES", "HISTOIRE DE RIRE", "GIGI" etc...etc... Entre deux pièces de théatre, elle continue de tourner pour le cinéma : "MON GOSSE DE PERE", "ATOUT COEUR", "MARIONS NOUS", "DELPHINE" etc... Que ce soit au théatre ou au cinéma, elle va jouer avec les plus grands : Lucien BAROUX, Pierre BRASSEUR, Pierre FRESNAY, Pauline CARTON, Jean GRANIER, Michel SIMON, Pierre LARQUEY, Harry BAUR...
Côté coeur, on peut dire qu'elle a eu une vie sentimentale bien compliquée. En 1926, elle fait un mariage de rêve en épousant le comte Stanislas de la ROCHEFOUCAULD, devenant de ce fait comtesse. Ce mariage fait la une de tous les journaux de l'époque. Seulement, 5 ans après c'est le divorce. Alice COCEA fréquente alors un jeune officier de marine, Victor POINT. Or, Victor POINT est pressenti par André CITROEN pour diriger la fameuse "CROISIERE JAUNE". C'est un aventurier et il accepte. Seulement la séparation risque d'être très longue, ce que ne supporte pas Alice. De retour de son expédition en Asie, Victor POINT apprend qu'Alice a un amant, et, alors qu'il doit la rejoindre à bord de son yacht sur la Côte d'Azur, il se donne la mort en se tirant une balle dans la bouche. L'émotion est considérable dans l'opinion publique, Victor POINT est un héros (décoré de la Légion d'Honneur) et pour tous, la coupable c'est Alice COCEA. Et les nombreux amis de Victor viendront perturber les pièces de théatre dans lesquelles joue Alice en la huant et en criant "POINT ! POINT ! POINT !".
Arrive la guerre, et l'Occupation. On propose à Alice COCEA de prendre la direction du théatre des "Ambassadeurs" laissé vacant par Henry BERNSTEIN, juif, partir s'exiler aux Etats-Unis avant l'arrivée des Allemands.
Alice COCEA accepte et elle dirigera avec brio les "Ambassadeurs" jusqu'à la Libération. Paris libéré, on lui demandera des comptes. Ce qu'on lui reproche surtout ce n'est pas d'avoir eu une liaison avec tel ou tel officier allemand, comme ce fut le cas pour certaines actrices (il faut signaler que son dernier grand amour fut un résistant très actif qui est mort en camp de concentration après avoir été arrêté par la Gestapo), non, ce qu'on lui reproche c'est d'avoir accepté de prendre la direction des "Ambassadeurs" avec l'aval des autorités de l'époque. Il n'y aura pas de poursuites mais elle devra renoncer au théatre des "Ambassadeurs".
En 1950, elle triomphe dans "O MA MAITRESSE" . Puis ce sera "GIGI" de COLETTE. Elle tourne encore dans plusieurs films, le dernier étant "LA RONDE" de VADIM. Elle met un terme à la carrière en 1964 en jouant dans "BONHEUR IMPAIR ET PASSE" de Françoise SAGAN, aux côtés de Daniel GELIN, Juliette GRECO, Michel de RE et Jean-Louis TRINTIGNANT.
Elle se retire alors dans son appartement de la rue Nungesser et Colli à Boulogne-Billancourt, où elle se livre à sa nouvelle passion, la peinture.
Elle partage alors son temps entre Boulogne-Billancourt et Saint-Brisson-sur-Loire (Loiret), village qu'une amie lui a fait connaitre. Elle décède dans son appartement de Boulogne-Billancourt le 2 juillet 1970, elle a alors 71 ans. Son corps est transporté dans ce village du Loiret qu'elle avait apprécié, à Saint-Brisson-sur-Loire, où elle est inhumée dans le caveau de famille de cette amie qui a veillé sur elle et l'a soignée avec dévouement. Elle repose auprès de sa soeur Florica COCEA). Sa tombe est dans un bien triste état, fissurée, la croix cassée, quasiment abandonnée. Pas de fleurs même artificielles, pas de plaque souvenir, rien, sauf ces quelques mots gravés "Parmi les fées de l'au-delà ci-git Alice COCEA (1899-1970).
En mémoire de cette merveilleuse actrice, je souhaite que se constitue une association "LES AMIS D'ALICE COCEA" pour que son nom sorte enfin de l'oubli, pour mieux la faire connaitre, et surtout pour restaurer sa tombe qui risque de disparaitre.
Dites-moi ce que vous en pensez, j'ai besoin de votre avis. Je compte sur vous, merci.
PS : suite à ce blog, plusieurs contacts ont eu lieu en 2015-2016 : tout d'abord Monsieur François BRESSY dont le père diplomate avait épousé en premières noces Florica COCEA, le soeur d'Alice. Il a eu l'amabilité de me fournir des renseignements ainsi que des photos. Une autre personne m'a contactée et que j'ai reçu avec plaisir : Mme Marie-Thérèse THIERRY, qui m'a confié plusieurs albums photos d'Alice COCEA ainsi que plusieurs toiles. Elle les tenait de son amie Christiane WIEGANT qui fut partenaire d'Alice au théâtre. Christiane WIEGANT les avait reçu de France VIDAL-CHEVREAU légataire universelle d'Alice COCEA. France VIDAL-CHEVREAU, était une grande amie d'Alice sur laquelle elle a veillé jusqu'à la fin. J'ai eu aussi le plaisir de m'entretenir par internet avec Joana COCEA, fille du réalisateur roumain Dinu COCEA (elle est elle-même réalisatrice). Ensemble ils avaient envisagé de faire un film sur la vie et la carrière d'Alice COCEA, malheureusement Dinu COCEA est décédé en 2013.
Enfin je sais maintenant qui a fait restaurer la tombe d'Alice qui était en triste état : c'est Armand de la ROCHEFOUCAULD, duc de Doudeauville, parent de Stanislas de la ROCHEFOUCAULD qui avait épousé Alice (sa mère était amie avec Alice et lui-même l'a bien connue) qui a chargé une entreprise locale d'effectuer les travaux nécessaires. Nous restons en contact.
